Episode 73 : C’était au temps où Schaerbeek se chamaillait

Troisième partie : Action consciente – Episode 73

A l’arrière du camion, la scène est surréaliste : une dizaine d’individus habillés de T-shirts rouges (comme les nôtres) sont en train de s’acharner sur notre arbre à l’aide de haches et de scies. Avec trois buumdroegers, nous grimpons dans le camion. Je pousse l’individu qui donne des coups de hache dans notre arbre. Il se tourne vers moi, hache à la main. J’agrippe un bac de bières qui traîne dans le camion pour me protéger, tandis que je repousse l’assaillant du mieux que je le peux. Dans le camion, c’est la confusion générale.

Une gamine de 15 ans, qui fait partie du groupe des assaillants, se jette alors sur moi comme un guépard. Je suis pris au dépourvu et ne sais plus que faire lorsqu’arrive Valérie, notre dauphine Miss Schaerbeek. Voyant le désastre, elle n’hésite pas et se jette sur la gamine qui me lâche et saute du camion. De leur côté, les buumdroegers alertés, arrivent en masse. Il s’en suit une bagarre homérique, digne d’un grand western spaghetti…

Qui sont ces gens remplis de haine qui s’en prennent à ce symbole de notre folklore ? Il s’agit en fait de membres du collectif de l’îlot Stévin (immeubles expropriés pour faire place à un projet immobilier) qui ont naïvement cru que cette action allait déstabiliser le Bourgmestre de Bruxelles-Ville François-Xavier de Donnéa. Mal leur en prit puisque le bourgmestre, s’il était bien présent sur la Grand-Place de Bruxelles pour le traditionnel accueil de l’arbre, n’a jamais montré un grand intérêt pour le folklore bruxellois…

Les membres du collectif ne sont heureusement pour la plupart que légèrement blessés. Certains sont à terre, hués par le public. Par précaution, la police estime préférable d’éloigner la foule en colère.

Si nous avions su qui ils étaient et ce qu’ils préparaient, les choses se seraient très probablement déroulées autrement. Le résultat fut au final désastreux, comme je l’ai dit quelques lignes plus haut : des blessés dans le rang du commando, un bashing médiatique en règle contre le collectif à la suite de cette action irréfléchie. Et un arbre en 5 morceaux… reconstitué à la hâte avec des colsons et des cordes pour être planté juste à temps sous les ovations du public surexcité. Cet événement invraisemblable fut vécu très difficilement par notre président Toine, qui prononça les mots suivants : « Aujourd’hui mon cœur saigne ».

Je garde de cette affaire une triste impression de gâchis. Car si l’incident était plus que regrettable, il faut reconnaître que sur le fond, leur revendication était tout à fait louable.

Dans un registre beaucoup plus romantique, c’est en ce même mois d’août que j’ai rencontré celle qui deviendra mon épouse 7 ans plus tard. Engagée un an auparavant par l’Echevin Bernard Clerfayt pour renforcer le service des propriétés communales, nos chemins se sont croisés dans les couloirs de notre maison communale. Notre rencontre est restée secrète durant trois mois et s’est terminée par un mariage 7 ans plus tard. Mais cela, c’est une autre histoire.

Dans un tout autre registre, le FDF dénonce les problèmes et cafouillages constatés au sein du corps de police, ce qui fait réagir Francis Duriau par presse interposée. La campagne électorale se fait ressentir sur tous les terrains.

Au même moment, le syndicat de la police de Schaerbeek attaque en référé Francis Duriau. Il lui reproche des propos qu’il aurait tenus où il faisait l’amalgame entre le syndicat et Johan Demol (lui-même en tête de liste Vlaams Blok). L’ambiance de la campagne monte d’un cran.

Sur le terrain, les efforts ainsi que les différentes actions mises en place pour redresser le quartier d’Helmet commencent à porter leurs fruits : nous constatons une augmentation du nombre de chalands, moins de fermetures de commerces ainsi que l’arrivée de nouvelles enseignes.

Début septembre, la liste FDF-PRL est enfin connue. Elle se compose de politiques confirmés, mais également de nombreuses nouvelles figures inconnues en politique et globalement jeunes : des commerçant(e)s, des enseignants, des responsables d’association et une ancienne Miss Schaerbeek.

Derrière Bernard Clerfayt suivent Bernard Guillaume, Daniel Ducarme, Jean-Pierre Van Gorp, Etienne Noël, Michel De Herde. A cette époque pas encore de parité et de « tirette » homme-femme sur la liste. Cécile Jodogne est la première femme, à la huitième place.

Georges Verzin (ancien IDS), passé au MR, est devant Said Benallel que j’avais rencontré 8 ans plus tôt lors de l’avant- première du film « New Jack City » organisé par l’ASBL Bouton blanc. Il me succédera plus tard à la présidence du FDF de Schaerbeek. Le 47^e et dernier candidat est Olivier Crasson, fonctionnaire communal un temps pressenti comme secrétaire communal-adjoint et frère du footballeur Bertrand Crasson. La campagne est loin de se terminer…

A demain.