Episode 74 : C’était au temps où Schaerbeek surenchérissait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 74

Notre section FDF est en ordre de marche. Nous sommes sur le terrain en permanence : les marchés hebdomadaires, les événements festifs, les réunions de quartier… Tout cela n’a plus de secret pour les candidats !

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Il est bien sûr important d’avoir au terme du scrutin un maximum d’élus FDF sur la liste commune FDF-PRL, pour contrer le rouleau compresseur nommé Ducarme.

Je me souviens d’un des moments forts de notre campagne, organisé dans la Salle Sainte Famille, à Helmet. Une soirée au cours de laquelle chacun des candidats s’est présenté, dans une ambiance à l’américaine. Tout y était, même les chanteurs, la sono et les shows avec laser. Nous avons tous entamé en chœur « Le Temps des cathédrales » de la comédie musicale « Notre Dame de Paris »… en modifiant toutefois légèrement les paroles : « C’était aux temps des cathédrales, Schaerbeek est entré dans un nouveau millénaire… »

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La salle était comble, avec plus de 450 personnes. L’ambiance était survoltée. A ce moment-là, je n’avais encore jamais vécu un tel événement politique à Schaerbeek réunissant autant de monde.

Les jours passent et nous voilà le 8 octobre 2000, jour du scrutin communal. L’ambiance est tendue. Vers 17h, après les premiers résultats, nous rejoignons discrètement la rue Vandermeersch où se situe la maison de notre graphiste pour une réunion.

Autour de la table, se retrouvent Bernard Clerfayt et Jean-Pierre Van Gorp pour le FDF, Daniel Ducarme et Bernard Guillaume pour le PRL et enfin Isabelle Durant et Christian Lesenfants pour ECOLO. Nous entamons les discussions pour la formation de la future majorité.

Le groupe ECOLO désire la présidence du CPAS ainsi que deux échevinats. Il demande aussi que le PS entre dans la majorité avec deux échevins, ce que nous acceptons.

Je suis assis entre Daniel Ducarme et Christian Lesenfants lorsque le téléphone de celui-ci sonne. Je vois le nom d’Alain Hutchinson qui s’affiche. Christian décroche et nous reconnaissons la voix de la tête de liste PS.

Ne sachant pas que nous sommes en réunion, Hutchinson demande à Christian Lesenfants de venir d’urgence au cabinet de Francis Duriau, qui accepte de lui céder le mayorat en vue de la constitution d’une majorité Liste du Bourgmestre, ECOLO et PS.

Les regards se tournent tous vers Christian Lesenfants qui, complétement déstabilisé, donne son téléphone à Ducarme qui lui avait déjà tendu la main. C’est de sa grosse voix que Daniel Ducarme répond à Alain Hutchinson. Il lui dit ceci : « Espèce de crétin, tu viens de perdre 2 échevinats ! La bonne journée ». Et il raccroche aussi sec. J’imagine l’effroi de l’autre côté…

Suite à cet incident, la participation du PS est remise en question par les représentants FDF et PRL. Néanmoins, les ECOLO maintiennent leur volonté d’associer le PS comme condition première à leur participation à la majorité.

Après de longues discussions, nous nous mettons d’accord à condition qu’il n’ait plus qu’un seul échevin, le deuxième échevinat étant transféré à ECOLO qui passerait alors à 3 échevins plus la Présidence du CPAS (Centre Public d’Action Sociale).

Les Ecolo téléphonent la nouvelle à Alain Hutchinson qui visiblement boude et n’a pas du tout apprécié d’avoir été interpelé et éconduit par Ducarme. Christian Lesenfants lui donne jusqu’à 20 h pour se décider.

Entre temps, les résultats définitifs tombent : la liste FDF- PRL obtient 16 sièges et j’ai le plaisir d’apprendre que je fais le troisième score de la liste. Ainsi, Bernard Clerfayt réalise en tant que tête de liste 2604 voix, Daniel Ducarme 2327, et votre serviteur 2139 voix. Mon travail se voit récompensé. Seul Francis Duriau, avec 3139 et Demol (2510 voix) font mieux que mon score.

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ECOLO, avec 11 élus, nous permet mathématiquement d’obtenir, avec 27 sièges, la majorité (qui est à 24 sur 47 conseillers communaux).

Ducarme en tant que président national du MR, passe son temps à gérer les bonnes et mauvaises nouvelles. Selon que son parti gagne ou perd des majorités, l’homme se montre euphorique ou cassant avec ses interlocuteurs et cela parasite clairement notre réunion schaerbeekoise.

Une de ses conversations m’a particulièrement marqué. Son portable sonne une fois encore, il décroche et très rapidement le ton change.

A demain.