Episode 92 : C’était au temps où Schaerbeek le Roi visitait

Troisième parte : Action consciente – Episode 92

A notre arrivée square Prevost-Delaunay, des barrières Nadar ont été installées de part et d’autre du Square. Elles contiennent une foule, dont une partie sont des jeunes venus avec leur classe. Devant le centre Pater Baudry, des dizaines de seniors attendent impatients de pouvoir saluer le couple royal.

Après plusieurs bains de foule, les souverains arrivent enfin devant la porte du centre. Anna, la doyenne des candidates à l’élection de Miss Senior, commence à chanter à plein poumon sa chanson fétiche « Chéri Bibi  ». Cela ne passe pas inaperçu et elle se réjouit du compliment royal. Elle ne manque pas de souligner auprès des souverains qu’elle fit partie du corps de Ballet au théâtre royal de la Monnaie.

Par la suite, lorsque que je lui ai demandé si elle avait connu ma marraine qui fut danseuse à la Monnaie fin des années 1930, elle m’avoua que le corps de ballet en question était…le service de l’entretien !

Tout le monde a trouvé sa place dans les salles à manger. Après un mot d’accueil, je cède la parole au Bourgmestre qui fait un bref discours, avant de laisser la place au repas.

La reine Paola se réjouit de constater que les seniors du home (je cite) ont tous l’air en forme. Je lui explique que cet endroit est un centre de jour et de loisirs et pas une séniorie. Mais à la fin du repas, la reine pose des questions sur les chambres aux étages. Soit…

Suite à cette visite, la notoriété de nos deux centres fut encore amplifiée, ce qui nous donna plus de travail encore mais lorsque l’on aime… on ne compte pas !

Dans les semaines qui suivirent la visite royale, nous avons accueilli beaucoup de nouveaux membres souvent de jeunes seniors qui avaient l’âge que j’ai aujourd’hui. Nous en avons profité pour lancer de nouvelles activités dont un site qui proposait une bourse d’échanges, de partage et de rencontres pour seniors, des visites d’exposition ainsi que des excursions et des activités sportives.

Sur la lancée, impression d’un toute-boites trimestriel reprenant les activités. Intitulée « Seniors dynamiques », cette publication continue aujourd’hui encore à informer nos aînés.

Durant cette année 2002, au CPAS, rien ne va plus. La réforme entreprise par le nouveau président Christian Lesenfants part en sucette.

Le manque d’expérience, la volonté de vouloir aller trop vite, et le refus de travailler avec l’ancienne direction, ont créé une succession de séismes au sein de la structure du CPAS. Certes, par le passé, tout n’était pas parfait mais en 2002, plus rien en définitive ne fonctionnait…

Une avalanche qui va emporter le président du CPAS Christian Lesenfants, qui exténué,  cédera son poste à Marc Struyf qui ne fera qu’amplifier la pagaille. Plus tard, il perdit un procès intenté contre lui par la directrice Carine Metz pour diffamation et fut condamné en août 2010 à lui payer une forte somme en guise de dommages et intérêt.

Marc Struyf ne resta en place qu’une année avant d’être lâché par la section ECOLO en septembre 2003.

A Schaerbeek, ECOLO a battu tous les records avec trois présidents de CPAS en moins de trois ans. La nouvelle présidente Dominique Decoux a dû mettre les bouchées triples pour redresser la situation.

Je garderais de Christian Lesenfants, l’image d’un instituteur de primaire à l’école 14 de la rue Capronnier absolument génial et avant-gardiste. Il faisait vivre le savoir qu’il communiquait aux enfants. Sa classe participait régulièrement aux activités que j’organisais à l’époque où j’étais échevin de la jeunesse, bravant courageusement les interdits et diktats de Jean-Paul Bosquet, échevin tout puissant de l’instruction Publique entre 1979 et 1994.

Parfois, si on n’y prend garde, la politique peut avoir des conséquences fâcheuses humainement parlant et  provoquer d’énormes dégâts. Retourné épuisé à l’enseignement, Christian ne supporta pas la contrariété de trop, une suspicion sournoise à son égard, et décida de quitter ce monde, en ce vendredi 20 décembre. Souvent je repense à lui et je me dis « Quel gâchis ! ».

A demain.