La fronde des commerces « bobos » à l’égard de l’échevin des Classes moyennes

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Le calme politique de la période des congés de Pâques a été interrompu dans la vie communale schaerbeekoise par l’écho d’un article paru dans la Dernière Heure et qui pointait du doigt les faillites successives d’une librairie « 100 papiers » et d’un local « Namasthé » où il était possible de se restaurer de produits bio en journée. Tous les deux sont situés avenue Louis Bertrand au coin de la rue de la Ruche, un quartier que certains aimeraient encore voir évoluer davantage vers une ambiance plus « bobo ».

Si l’annonce de la faillite de la librairie qui n’était, précisons-le, pas une librairie standard de quartier mais plutôt un lieu de discussions, de conférences, de musique ou même d’ateliers de tricot le tout avec la possibilité de prendre un verre de bière voire des brunchs le week-end-end, n’a surpris personne au vu des difficultés financières exposées par ses exploitants qui avaient même lancé un appel à la générosité du quartier, celle de Namasthé a surpris. Des travaux étaient annoncés pour ce congé de Pâques et voilà que la Dernière heure annonce qu’il n’en est rien mais que les exploitants ont tout bonnement dû mettre la clé sous le paillasson.

Depuis, d’autres commerçants du quartier qui défendent bec et ongles cet aspect bobo et une clientèle cible particulière à savoir (je cite) « artiste, intellectuelle et socio-culturelle », se répandent dans la presse ou sur les réseaux sociaux, déplorant le peu d’énergie déployée par la Commune pour les soutenir dans leur quotidien commercial.

L’échevin des Classes moyennes, Etienne Noël (Liste du Bourgmestre) qui cristallise les reproches, regrette ces deux fermetures mais assure que d’autres commerces fonctionnent en revanche très bien dans le quartier dont l’image positive ne cesse de s’améliorer.

Laurent Daube, qui exploite le Café poussette de l’avenue Louis Bertrand ne l’entend pas de la même oreille. Sur son blog « Haricot magique », il écrit ainsi : « On peut se demander quels commerçants l’échevin a sondés pour tirer ces conclusions. Le designer de lunettes qui vient de quitter l’avenue? Le pharmacien qui a cessé ses activités en septembre dernier? Le magasin de pièces de rechange pour voitures, contraint de déménager dans les prochains mois? Les gérantes de l’Îlot Saveurs, exploitantes du resto de la Maison des Femmes, qui ont dû jeter le gant voilà bientôt un an?… »

Et de souligner ensuite : « Rappelons que, d’une part, les travaux dont l’échevin s’attribue quasiment les mérites sont, pour l’essentiel, subsidiés respectivement par la Région et le Fédéral et que, d’autre part, s’agissant de l’église Saint-Servais, pas le moindre petit cimentage n’a eu lieu à ce jour, le début des travaux étant prévu pour 2016! A cet égard, les retombées positives que la restauration d’un lieu de culte pourrait entraîner sur le développement du commerce nous laissent perplexes. Loin de nous l’idée de remettre en cause la rénovation urbaine comme levier pour revitaliser un quartier mais, si la priorité est de soutenir le commerce local, alors autant mettre en œuvre des mesures qui ont un impact direct sur celui-ci, telles que, par exemple, une réduction de la fiscalité communale ou une simplification des démarches administratives. »

Et de conclure : « C’est pourquoi nous invitons l’autorité communale, plutôt que de multiplier les effets d’annonce relatifs à des projets encore incertains, à travailler avec les commerces existants à la dynamisation de notre beau quartier. »

Une véritable fronde d’un noyau de petits commerces qui peinent à trouver une clientèle suffisante et durable pour leurs produits et concepts à l’égard de l’autorité communale taxée à tort ou à raison de laxisme. Affaire à suivre…

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