La troisième piste cyclable du Lambermont : le grand dérapage !

Voici le témoignage de François, Schaerbeekois, adepte du vélo à ses heures et ancien journaliste au journal Le Soir.

« Trois pistes cyclables pour une seule artère. La Région a fait fort. D’accord : le boulevard Lambermont est une grosse artère et les voitures roulent vite. Il faut donc rassurer les cyclistes. Un problème quand même : le boulevard est déjà flanqué dans les deux sens d’une piste cyclable. Pourquoi donc en mettre une troisième alors que les deux premières sont toujours nettement sous-utilisées ?

Ex-journaliste au Soir, je vis à Schaerbeek depuis plus de trois ans et je m’y plais. Je suis aussi depuis deux ans un adepte du vélo électrique que j’utilise très régulièrement (deux à trois fois par semaine), notamment en empruntant les pistes cyclables du Lambermont. Je sais donc de quoi je parle. Ce qui me choque dans cette initiative régionale, ce sont à la fois la manière et le but.

Personne ne nie qu’il faut sécuriser au maximum l’usage du vélo en ville. La création de pistes cyclables est la meilleure réponse. Aujourd’hui, je peux depuis chez moi filer jusqu’au bois de la Cambre en restant constamment sur une piste cyclable sécurisée. Merci la Région !

Pourtant, depuis le déconfinement, c’est le grand dérapage. Il faut aller vite et mettre le braquet. L’idée de la Région ? La politique du fait accompli. La concertation si chère aux élus écolos vole en éclats. Pas la peine de consulter les habitants. Et puis, apprend-on, c’est un aménagement temporaire. Un simple test… Pas de quoi en faire un drame. Je découvre en outre de bien curieux arguments : comme celui de soulager la Stib en ces temps de Coronavirus ou encore affirmer que la piste cyclable doublée n’est pas rectiligne et donc dangereuse.

Ce sont là, disons-le clairement, des procédés malhonnêtes et mensongers indignes de de la Région. Un aménagement temporaire qui dure deux ans (minimum), c’est se moquer des gens. Moi qui emprunte la piste cyclable actuelle, je puis vous dire que c’est de loin ma préférée de toutes à Bruxelles : elle est vivante, elle tourne, monte sur le trottoir, descend sur la rue. Un vrai plaisir pour un cycliste. Elle est géniale, cette piste ! Quant à la Stib à soulager, il faudrait mieux persuader au contraire les Bruxellois de reprendre le chemin du tram.

La Région, par ce coup de force qui cache mal la faiblesse de ses arguments, relance délibérément la stratégie de la tension : mettre à bout les automobilistes, envenimer le débat, agresser. Les bons (forcément les usagers faibles) contre les méchants qui tuent et qui polluent. Du coup, le vélo redevient la victime. Un combat idéologique !

La manière (le coup de force) et la but (la stratégie de la tension) ne me plaisent pas du tout. Comment voulez-vous élaborer un dialogue dans ces conditions. A la guerre ! En avant toute !

Quand je vais en Flandre, je m’étonne souvent de la bonne cohabitation entre vélos et voitures. Mais à Bruxelles, le ton monte et les opinions se tranchent. On met de l’huile sur le feu. C’est une politique délibérée. Et je regrette de la dire : elle vient toujours du même côté.

Je suis fatigué de cette politique. Les gens imprégnés de certitude sont rarement des adeptes du dialogue. Et les « bons » qui crient au scandale, abreuvés de slogans faciles, sont avant tout des méchants qui s’ignorent. Amalgames, demi-mensonges…  Les fake news ont la vie belle au Lambermont.

La fréquentation des pistes cyclables du Lambermont ne nécessite pas la construction d’une troisième, à moins d’être un adepte des dépenses inutiles. La Région ferait mieux d’entretenir correctement les pistes existantes et de créer de nouveaux tronçons bien sécurisés. Il faut arrêter cette mascarade. »