Laurette Onkelinx, présidente de la fédération bruxelloise du PS

 

Voici le discours prononcé mercredi soir à Saint-Gilles par Laurette Onkelinx qui a été élue présidente de la fédération bruxelloise du PS.

Mes chers camarades,

Merci.

Merci de votre confiance, merci de votre enthousiasme, merci de votre fraternité.

Devenir votre Présidente c’est un honneur et une émotion.

J’aime Bruxelles, j’aime cette région unique au monde où la diversité tient lieu de richesse.

Une région forte, désirée.

Une région tant de fois capitale qu’elle attise les convoitises, parfois les mépris, toujours les passions.

Les socialistes ont façonné cette région, lui ont donné une existence et un projet. Lui servent de bouclier et de tremplin.

Nous avons toujours été là pour Bruxelles et, mes chers camarades, demain comme aujourd’hui, nous serons là pour conduire son destin.

Bruxelles, pour nous, n’est pas un espace territorial qu’on peut s’arracher pour augmenter un pouvoir économique ou des capacités foncières.

Non, Bruxelles, ce sont des hommes et des femmes. Quelle que soit leur langue, leur origine, leur couleur de peau, leur conviction philosophique ou religieuse, les Bruxellois ont une identité à part entière.

Cette identité là, il faut la développer. Bruxelles doit être son propre ciment.

Sa particularité, région carrefour de l’Europe, ses cultures qui la traversent, doivent être non pas un facteur de division mais une démonstration de force.

Pour affermir cette identité ouverte, ce ciment, il nous faut poursuivre le travail :

Je veux répéter la nécessité de nous ouvrir plus encore aux Flamands de Bruxelles qui sont les oubliés de la Flandre.

Ce sont pour la plupart des hommes et des femmes épris de Bruxelles, ouverts et positifs sur leur région, ils sont aussi notre richesse dans une région bilingue.

Je veux redire qu’identité ne signifie pas rupture ou repli. Nous devons refuser tous les ghettos sociaux, culturels, intellectuels et être ouverts comme jamais aux autres, solidaires et accueillants.

Nous devons ancrer le caractère majoritairement francophone de Bruxelles avec une alliance forte, étroite avec les Wallons.

Ce sont eux qui nous ont aidés à exister comme région. Eux qui ont permis le refinancement de Bruxelles.

Nous allons recréer des liens de respect et de soutien mutuels.

J’ai rencontré le Ministre Président Demotte et nous sommes en train de planifier de nouvelles méthodes de travail pour que les fissures que j’ai constatées dans la maison commune Wallonie/Bruxelles soient refermées au plus vite.

Nous devons enfin développer avec la Flandre, des rapports respectueux mais fermes.

Personne, je dis bien personne, ne touchera au statut de Bruxelles, région à part entière, région à égalité avec la Flandre et la Wallonie.

Nous refuserons toute réforme qui amènerait Bruxelles à être gérée par d’autres que les Bruxellois eux-mêmes !!

Mes chers camarades,

On a beaucoup entendu parler de mécano institutionnel.

Même si cela fait régulièrement la une des médias, je sais par expérience que c’est un thème qui ne fait pas recette dans les gargotes du coin.

Ce qui intéresse les habitants de cette région, c’est leur logement et leur emploi.

C’est le devenir de leurs enfants. C’est leur avenir dans ces villes qui grouillent aussi de solitude.

L’institutionnel est un jeu qui n’a aucun sens s’il n’est pas au service d’un mieux-être des habitants de ce pays.

Nous devons sans cesse interroger les réformes sur leur sens par rapport aux gens.

Pour plagier le chanteur Oldelaf, je vous dirais que la « tristitude » c’est se demander si la santé va être gérée par une OIP Cocof ou une OIP Cocom ou une OIP commune Cocof/Cocom !

Par contre, se dire que nous allons prendre à bras le corps les nouvelles compétences en emploi par exemple.

En faire un enjeu stratégique majeur pour réduire le taux de chômage bruxellois.

Réorienter la politique de l’emploi et de la formation pour qu’elle soit plus adaptée à une région jeune comme la nôtre. Ça oui, c’est un débat qui fait sens.

A cet égard :

Dès le prochain bureau politique, je mettrai en place les groupes de travail qui devront au plus vite exprimer les exigences des socialistes bruxellois afin que les nouvelles compétences servent vraiment les Bruxellois dans leur quotidien.

De la même façon qu’est ce que c’est passionnant pour deux pelés et trois tondus de parler des fusions de communes.

Par contre comme l’a dit Rudy, examiner les synergies entre communes, mettre des services en commun pour être meilleur pour la mobilité, les maisons de repos, l’informatique, les services de lutte contre la pauvreté, etc… Ça c’est intéressant !

Les échanges d’expérience, les soutiens mutuels…évidemment. Nous lancerons des propositions : pas question de regarder la commune voisine comme une concurrente ou une dominante. Voyons ce que nous pouvons mieux faire ensemble.

Mes chers camarades,

J’ai beaucoup écouté ces dernières semaines. J’ai vu et dialogué avec beaucoup de militants, avec également beaucoup d’organisations s½urs. Et ça m’a mis en joie. Il est temps de nous mettre en mouvement.

Trop d’entre vous piaffent de cette impatience que j’aime : se mettre au travail et construire l’avenir.

Vous me permettrez de saluer avec chaleur nos aînés.

Ils étaient remontés quand je les ai rencontrés… Ils voulaient être partie au débat, pas question de se prélasser dans des activités récréatives. Ils connaissent la vie des quartiers, l’isolement de trop de seniors, les pensions qui ne permettent pas d’être pleinement acteurs de leur région.

Ils ont les cheveux blancs mais le feu est ardent en eux.

Alors oui, chers amis, je réponds oui, je vous aiderai à devenir une fédération à part entière des seniors socialistes à Bruxelles et oui, vous allez travailler à nos côtés pour le renouveau bruxellois.

Et puis il y a ces jeunes, toujours porteurs de nouvelles indignations, de nouveaux combats.

Je voudrais leur dédier l’axe essentiel de notre renouveau.

La crise a été provoquée par l’appât du gain, par les jeux financiers sinistres sur le dos des petits épargnants, par les ententes éc½urantes entre des gens qui n’hésitent pas à accumuler de l’argent en jetant dans la misère les plus fragiles d’entre nous. Et par l’incapacité des états et des pouvoirs publics à les contrer.

Mendes France disait : « La gravité d’une question se mesure à la façon dont elle affecte la jeunesse ».

Et justement, le marasme que nous vivons a un impact terrible sur la jeune génération plus présente à Bruxelles que dans les autres régions.

Près d’un tiers de nos jeunes sont au chômage et pour ceux qui ont de l’emploi, trop sont contraints à des contrats temporaires ou à des temps très partiels. Plus de 9% de nos jeunes sont en insertion sociale.

Les mutualités nous ont alerté sur le nombre de dépressions qui sévit chez les jeunes parce que l’espoir n’est plus là, parce qu’ils ont vécu une trop grande partie de leur jeunesse dans la peur du lendemain.

Mes chers camarades,

On ne peut pas faire sur l’autel de la crise le sacrifice d’une génération. L’avenir de la jeunesse, c’est l’avenir du pays !

Au niveau fédéral, j’ai lancé les premiers jalons d’une stratégie 2020 centrée exclusivement sur la jeunesse.

Je veux également, que notre parti soit à l’avant-garde des solutions innovantes pour que ces jeunes se sentent considérés, respectés.

Je veux les associer dans notre dynamique pour construire le changement de paradigme dont ils ont tant besoin.

Vous l’aurez compris, je suis là pour travailler avec vous à un nouvel élan pour Bruxelles. En profitant de tout le travail de planification et de développement créé par Charles et son équipe.

Bruxelles est l’enjeu capital.

Ce thème nous allons le décliner au niveau culturel, social, économique, environnemental.

Nous allons travailler avec toutes ces associations qui sont la richesse de notre région, avec les écoles et le pôle universitaire pour mieux aller de l’avant, avec les organisations syndicales et les mutuelles mais aussi avec celles et ceux qui créent de l’emploi à Bruxelles et dont nous avons tant besoin.

Le PS au fédéral, va lancer ces nouveaux ateliers du progrès : « S’indigner c’est bien, s’engager c’est mieux ».

Bravo, nous serons partie prenante mais nous allons décliner ce thème à notre manière parce que Bruxelles est l’enjeu capital.

Nous allons avant l’été proposer ce grand remue-méninge qui va nous situer comme moteur des réformes à Bruxelles.

N’ayons jamais peur des idées nouvelles, des ruptures, n’ayons jamais peur de remettre en cause nos certitudes. Osons défier l’avenir et changer la trajectoire.

Les socialistes sont très souvent seuls à défier constamment l’ordre établi. Mais à le faire en proposant des solutions crédibles, possibles.

Nous avons été à la pointe du progrès dans ces dossiers éthiques qui bouleversent la France. Sur l’avortement, l’homoparentalité, l’euthanasie, il y a toujours eu des socialistes qui ont défié les intolérances.

Nous sommes fiers d’accélérer la marche des femmes vers l’égalité et nous revendiquons d’avoir eu ce poids déterminant pour accorder le droit de vote et de citoyenneté aux immigrés qui sont aussi la sève de nos quartiers.

Les luttes contre les discriminations sont inscrites dans notre ADN.

Nous menons un combat rude contre le pouvoir de l’argent, contre ceux qui veulent construire une société de l’exclusion et de l’injustice sociale à partir du chaos qu’ils ont provoqué par le pouvoir de leur portefeuille.

J’entends beaucoup de responsables qui blablatent sur la vie difficile, qui radotent sur l’emploi.

Et ce ne sont pas les pires. Au moins eux ne se complaisent pas dans le bonheur évident de voir les riches, les rentiers, les pourris de l’argent trouver asile dans notre pays.

Mais nous, mes chers camarades, nous sommes les seuls à plaider l’alternative responsable ! Ainsi, au fédéral, le PS a empêché des politiques d’austérité que même le FMI commence à renier !

Le FMI oui mais pas les conservateurs de droite installés au gouvernement.

Il y régulièrement des montées d’adrénaline entre PS et MR. Est-ce grave ? Non. Si on reste sur le plan des idées et du respect des personnes. Est-ce normal ? Oui.

Il y a quelques années, j’avais parlé d’une alliance contre nature entre MR et PS, tellement nos choix sont différents. Ma collègue, Marisol Touraine, Ministre française des Affaires sociales, me disait qui lui semblait impossible de gouverner avec l’UMP.

Mais chez nous c’est le résultat de notre système à la proportionnelle. On ne sait pas gouverner seul, il faut des coalitions et des compromis. Ce que je demande, c’est que chacun nous exposions nos choix avec transparence et honnêteté.

Deux exemples :

1. Faut-il revoir la trajectoire budgétaire ?

Je le crois fermement. Nous sommes en dessous des 3% de déficits, ce qui est remarquable par rapport aux autres pays européens. Nous devons évidemment viser l’équilibre mais à une cadence qui permette la relance économique. Le MR ne veut pas contrairement aux conseils des prix Nobel d’économie et même je l’ai dit du FMI. Ça veut dire quoi ?

a. Qu’ils vont remettre sur la table ce qu’ils ont défendu au dernier budget. Le MR a défendu l’augmentation de la TVA, et la suppression ou la suspension de l’index. Ça c’est la vérité. Et le vrai visage de la droite qui s’attaque au pouvoir d’achat de la classe moyenne et des plus fragiles, je n’en veux pas.

b. Ou alors ils se disent que les régions et communautés peuvent prendre en charge tout le déficit. Chacun doit faire des efforts c’est évident. Mais prenez la Région bruxelloise, on est en train de la refinancer pour la politique de mobilité, la sécurité, le logement, l’emploi. On ne va reprendre à Bruxelles d’une main ce qu’on lui a donné. Ce n’est pas parce que le MR ne participe pas aux majorités régionales qu’il faut s’attaquer à nos régions et à nos communautés.

2. Faut-il revoir la structure des impôts ? Oui !

Le travail est trop imposé en Belgique et les petites et moyennes entreprises aussi mais pour le faire il faut remettre en cause des privilèges fiscaux que le MR défend ardemment. Hier dans le « Tijd », Michel Maus, professeur de droit fiscal à la VUB, résumait ainsi l’indignation publique : « Comment pensez-vous qu’un chef d’entreprise moyen d’une PME réagit quand il voit que son taux d’imposition moyen est de 21 % et qu’une multinationale paie 5%. Comment pensez-vous qu’un ouvrier, un employé ou un indépendant moyen, réagit alors qu’il subit une taxation de 50 % et que la pression fiscale sur un rentier n’est que de 25 %. C’est vrai ils sont frustrés. La frustration fiscale n’est pas positive pour la citoyenneté fiscale et c’est la raison principale de l’économie souterraine dans notre pays. »

Mes chers camarades,

Le débat qui doit nous mobiliser est un débat de moralité fiscale et ce débat là je le remettrai de nouveau sur la table lors du prochain exercice budgétaire.

Bien sûr, on n’obtient pas tout d’un coup.

Le changement, se fait parfois pas à pas. Mais au moins, on avance, par opposition aux conservateurs et à ceux qui n’ont que la critique pour horizon politique.

Voilà, mes chers camarades, pourquoi je crois en nous, en notre volonté, en notre enthousiasme, en notre capacité d’être les pionniers de l’avenir. Se mettre en ordre, ce n’est pas un slogan pour moi, c’est un objectif.

Une équipe en mouvement a besoin d’un lieu pour se ressourcer, se retrouver. Une équipe en mouvement a besoin d’une maison pour organiser ses combats, pour échanger, pour rencontrer et pour que la fraternité s’épanouisse.

Alors mes chers camarades avant la fin de l’année, je vous en fais la promesse nous aurons une nouvelle maison du peuple !

Oh, bien sûr, nous avons en tête cette maison du peuple construite par Horta pour le P.O.B et inaugurée en présence de Jean Jaurès et dont certains restes décorent la salle Art Nouveau de Horta du Grand Café à Anvers ou la station de métro Horta à Saint Gilles.

Du calme, résistez à vos rêves quand ils ne sont que chimères.

Notre maison commune sera beaucoup plus modeste, évidemment.

Mais je veux qu’elle soit un lieu chaleureux, ouvert, et digne de vous.

Voilà mes chers camarades, voilà le programme.

Je veux mettre tout le monde en mouvement.

Avec vous, je veux dire avec chacun d’entre vous, ensemble, nous allons remettre de la fierté au c½ur de nos valeurs et de l’ambition comme ciment de notre projet.

Plus que jamais, soyons des hommes et des femmes debout et fiers d’être socialistes.

Merci camarades.

Laurette Onkelinx