Schaerbeek : la vrai chute
Il ne fallait pas être grand prophète que pour supposer que la Liste du Bourgmestre à Schaerbeek n’allait pas rééditer ses scores des élections de 2006 à 2018 (photo de 2012).
Forte de ses 17 sièges, elle avait ratifié son accord pré-électoral avec Ecolo/Groen aux élections de 2018. Depuis la majorité n’a eu de cesse dans les rangs de la Liste du Bourgmestre (LB) de voir ses élus la quitter avec plus ou moins de fracas.
Yusuf Yildiz et Emel Köse ouvrant le bal dès le début. Ils sont aujourd’hui élus PS et MR/Engagés.
Ces dernières semaines de campagne, on pouvait clairement au contact des citoyens, percevoir un rejet de la LB au pouvoir depuis 24 ans. C’est d’ailleurs sur cette longévité et ses différentes actions entreprises depuis lors que Bernard Clerfayt et ses colistiers espéraient inverser la tendance.
Mais le ras-le-bol populaire était bien ancré chez l’électeur. S’il y a en effet un bilan indiscutable dans différents domaines en partie grâce aux subventions pour les contrats de quartier, les 3 dernières années, ont été le début d’un naufrage sans fin.
Départ en cascade d’élus, les mesures impopulaires de Good Move, une gestion insensée des deniers publics, une rage taxatoire la plus importante du royaume. La coupe était pleine.
Mais du côté de la LB visiblement la perception des choses était autre. On en venait même à faire son petit Caliméro, se plaignant des autres listes.
Après la diffusion d’un tract (dans certains quartiers) attaquant Bernard Clerfayt comme islamophobe, toute la LB s’était levée pour dénoncer une campagne qui touchait le fond.
Deux jours plus tard, la même LB diffusait un tract d’une rare violence pour bien ouvrir les yeux de l’électeur sur les dangers de ses choix s’il venait à voter pour le PS (communautariste), MR-Engagés (inexpérimenté) et Ecolo-Groen (dogmatique). Rien de moins.
Au soir du 13 octobre, la sentence est tombée. La LB n’avait plus que 6 sièges au lieu de 17. Soyons de bon compte avec les candidats en présence, il était inenvisageable de rééditer pareil résultat.
Les faiseurs de voix n’étaient plus : Etienne Noël, Bernard Guillaume, Saddik Koksal, Lorraine de Fierlant, Sophie Querton, Yusuf Yildiz, Emel Köse, Emel Dogancan ou encore Michel De Herde.
6 élus tirant in extremis leur épingle du jeu : Bernard Clerfayt (meilleur score qu’en juin dernier au régionale sur la commune) avec 2620 voix (Audrey Henry tête de liste MR-Engagés faisant de son côté 2 voix de moins pour situer), les échevins Deborah Lorenzino, Frédéric Nimal, Quentin van den Hove 718, 853 et 690.
Le conseiller communal sortant Emin Ozkara (qui n’a pas été réélu à la Région) n’engrangeant plus que 618 voix et fermant la marche Cécile Jodogne ex-bourgmestre ff lors de cette mandature avec 516…
On nuancera dans les rangs de la LB avec la chute générale de Défi en Région bruxelloise et sur les campagnes calomnieuses des autres partis. De mon point de vue, les autres partis se sont concentrés sur leur programme, point à la ligne. Pas besoin de dénigrer l’autre.
La LB s’est sabordée toute seule depuis 3 ans, coupée de la réalité de terrain de son électorat, en soutenant des projets dans la veine d’Ecolo-Groen qui n’en demandait probablement pas autant.
Je suis bien placé pour savoir qu’il y a des lendemains qui ne sont pas des lendemains de victoire. Il convient pour se reconstruite de s’introspecter sincèrement sans rejeter la faute sur les autres (partis).
En 2012, la LB (qui pourtant n’aime pas quand elle en est la cible) avait diffusé une adaptation parodique de l’excellent film « La chute » mettant en saynète le PS de la Région bruxelloise avec des focus sur Laurette Onkelinx à Schaerbeek.
Cette chute pour le PS était (à mon sens de mauvais goût) parodique. Cette chute de la LB du 13 octobre 2024 à Schaerbeek est une réalité.