Episode 105 : C’était au temps où Schaerbeek s’interrogeait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 105

En ce début d’année 2005, je commence à percevoir des signes de fatigue et attrape des bronchites à répétition. De plus, je suis en questionnement sur la manière dont est gérée Schaerbeek.

Francis Lorie, mon chef de cabinet a décidé de prendre sa pension bien méritée. J’ai quelques candidats en tête dont le profil pourrait convenir. Je me souviens d’un repas au restaurant « Les agapes » du bas de la chaussée d’Helmet en compagnie de mon ami Said Benallel, conseiller communal et président de la section FDF de Schaerbeek, de son ami Faruk Bicici et de mon épouse. Je connais Faruk depuis quelques temps déjà. Il travaille comme éducateur à la commune. Ce soir-là au gré de la conversation, je me dis qu’il ferait un très bon chef de cabinet. En quittant l’établissement, j’en parle avec mon épouse qui a ressenti la même chose. Faruk intègre donc mon cabinet.

Lorsque Bernard Clerfayt apprend cet engagement, il me lâche mi ironique, mi cynique : « Tu as engagé une personne d’origine turque ». Sachant que la communauté turque représente un poids électoral certain à Schaerbeek, je comprends l’allusion mais en ce qui me concerne j’ai fait le choix d’une personne compétente. Plus tard, mais nous y reviendrons, Bernard Clerfayt intègrera Faruk dans son cabinet.

Cela fait maintenant 4 ans que Bernard est bourgmestre et nous avons perdu au fil du temps cette complicité de nos débuts, surtout depuis la tentative de départ de Michel De Herde pour le PRL. Entre-temps, Daniel Ducarme a quitté la scène politique, faisant de Bernard Clerfayt le numéro 1 tout puissant.

Cela fait aussi quatre ans que je discute plusieurs fois par semaine avec le Bourgmestre sur des sujets concernant Schaerbeek mais surtout les Schaerbeekois. A chaque fois, je percevais qu’il se mettait sur le mode « cause toujours tu m’intéresses » et donc à la longue la lassitude commença petit à petit à grandir en mon chef.

J’ai la conviction que depuis l’équipe Duriau, l’humain a laissé la place aux chiffres, et au développement de la structure en ne se souciant pas ou trop peu des Schaerbeekois.

Avec mes services, nous avons déplacé des montagnes durant ces quatre années, le pari de la propreté est gagné, les travaux avancent bien, la Région et ses projets parfois fantasques sont canalisés. Malgré les difficultés financières de la trésorerie communale, et grâce à la débrouille et aux nombreux sponsors, les événements ont survécu. Les seniors sont ravis de nos activités, les asbl Soins à domicile, Pater Baudry et Schaerbeek la Dynamique se portent très bien.

Néanmoins, j’ai dû investir beaucoup trop d’énergie pour garder le contact avec le citoyen, les « vrais gens » comme je dis toujours. Il s’agit de personnes qui par manque de contact humain, traînent dans la rue, sont seules et isolées, éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts, ne savent pas payer un loyer trop élevé ou tournent une heure le soir pour pouvoir se garer dans leur quartier.

Bien sûr aller vers ce public, cela demande du temps, de la patience de l’énergie et souvent peu de reconnaissance.

Avec le recul, je dois reconnaître que Bernard Clerfayt est un visionnaire froid et pratique, et moi un passionné émotionnel pragmatique. Nous étions arrivés à un point de non retour  dans notre relation professionnelle mais il n’a pas probablement pas perçu l’intensité de cela.

Depuis la fin de l’année je me posais la question de continuer ou non la politique après 2006. Toute mon énergie ne suffisait plus pour le Schaerbeek dont je rêvais et dont le chemin se détournait.

J’en viens au constat que depuis des années, j’avais côtoyé de nombreux socialistes, tout d’abord mon premier chef de cabinet Robert Van Brussel, ensuite Charles Picqué, Ministre président à la Région puis aussi mes collègues Roland De Linge et Mohammed Lahlali, lors du Meyboom et divers autres événements Rudi Vervoort, Freddy Thielemans, et Jean Demannez. Je les trouve plus empathiques avec le public que mes collègues du MR.

Il y a aussi l’annonce de l’arrivée de Laurette Onkelinx qui attise ma curiosité.

Un vendredi de mars 2006, je vais manger une pizza au restaurant « Aux agapes » chez Biaggio avec mon amie Amina Derbaki  (épisode 39). Suite à notre discussion, elle s’était présentée sur la liste FDF et était devenue députée régionale en 1992. Depuis, elle avait rejoint le PS et était sénatrice de communauté.

Durant notre repas, je lui fais part de mes nombreux questionnements, elle me demande si je désire un jour discuter avec Philippe Moureaux. Je ne ferme pas la porte.

J’ai toujours énormément de réunions matin, midi et soir, mes tous gros projets sont sur les rails et roulent. Nous avons cédé notre réseau d’égouttage à la CIBE (Vivaqua) avec le personnel et le matériel, une bonne affaire pour les finances de la commune car il était à 80% à rénover rapidement.

Nous installons deux urinoirs rue d’Aerschot, et lançons des campagnes de verbalisation massives avec pour objectif de mettre un terme aux actes des hommes qui urinent sur les façades des habitations du quartier au grand désespoir des habitants. Caméras, service de la propreté et police unissent leurs efforts et des centaines de PV sont établis en quelques jours.

A demain.