Episode 14 : C’était au temps où Schaerbeek communiquait…

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Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 14

De grand matin, Nicole, très enthousiaste, m’annonce par téléphone qu’on vient de parler de nos projets pour les jeunes de Schaerbeek à la RTBF radio lors du journal de 8h, durant plus de 4 minutes (ce qui est énorme), le tout sur un ton très positif.

Une demi-heure plus tard, j’arrive au bureau. Robert m’attend avec les journaux : une demi-page dans Le Soir avec en titre « Jean-Pierre Van Gorp n’est pas un vilain petit bonhomme noir ». Une autre demi-page dans le journal La Lanterne (aujourd’hui La Capitale) avec en titre « Pas de blabla, des résultats! ». La Libre Belgique titre : « Un échevin controversé à juger sur pièces » sur 3/4 de page et enfin la DH « Ballon d’oxygène pour la jeunesse schaerbeekoise ? ». Mon téléphone du bureau sonne. C’est RTL bientôt suivi de Télé Bruxelles.

Lors du traditionnel Collège échevinal du mardi matin, j’ai le sentiment en entrant dans la pièce de pénétrer dans une arène. Ma sortie médiatique n’a visiblement pas plu à tous. Je le vois, je le lis dans leurs regards. Dans cette ambiance de corrida, le seul qui reste calme et qui semble même amusé par la situation, c’est Roger Nols.

Il pousse même l’exaspération de mes collègues en me proposant de récupérer une maison de la commune située au 99 rue de Jérusalem pour y organiser des activités. Pour l’anecdote, l’échevin Weustenraad appelait ce bâtiment « la goutte de lait », car pendant la guerre on y distribuait du lait pour les nourrissons.

Le problème (il y a toujours un problème à Schaerbeek), c’est que dans cette maison à étages, il y avait des quantités énormes de rouleaux de papier toilette à évacuer… Une histoire assez ahurissante. On m’expliqua qu’en 1986-1987, la commune était virtuellement en faillite. C’était donc la loi de la débrouille. Tout était bon pour faire des économies. Ainsi, il fut décidé d’acheter pour un prix défiant toute concurrence 500.000 rouleaux de papier toilette suite à la faillite de l’usine qui les fabriquait.

Ce fut certes une bonne idée financière (du moins à long terme… car les quantités achetées défiaient l’entendement), mais on avait totalement négligé la question du stockage. Jusqu’au jour où 6 semi-remorques arrivèrent à Schaerbeek avec le précieux chargement. Pendant des années, les écoles, les bureaux inoccupés et tout espace disponible furent réquisitionnés en lieux de stockage de ce papier toilette !

C’est également à cette époque que le bourgmestre sillonnait la Suisse en compagnie du Secrétaire communal pour trouver des banques susceptibles d’octroyer des prêts à la commune à des taux raisonnables afin de garantir le paiement des salaires du personnel. Cela peut aujourd’hui sembler surréaliste, mais quand on sait que Magritte est né à Schaerbeek, on ne s’étonne plus.

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Au cours des jours suivants, les bonnes nouvelles se succèdent. Les organisateurs du carnaval de la jeunesse de la Région, s’intéressent désormais à Schaerbeek et me demandent de participer à la manifestation. Nous trouvons les candidats : Owen et Karine deux petits Schaerbeekois, qui seront sacrés prince et princesse 1989. Cette victoire va nous impliquer encore davantage, car il nous revient d’organiser l’élection 1990.

Le privé me sollicite également. Wind Bag, une société d’événements, entend contacter une série de communes pour développer un nouveau concept. Elle propose durant un week-end le montage d’une vaste tente susceptible d’accueillir les associations locales ainsi que des jeux et des animations destinés aux jeunes. Le tout est proposé à titre gratuit grâce à un sponsor ! Je prends immédiatement contact avec le responsable, Benoît Dallemagne, qui deviendra par la suite un ami. La fête de la jeunesse est née. L’édition 1989 sera la première d’une longue série.

Depuis début février, je décide d’aller à la rencontre des associations schaerbeekoises offrant des services au public. Cela passe par Infor Jeunes, La Gerbe (centre de santé mentale), la maison de jeunes Vermeulen, la Maison des Enfants, le Gaffi,… Au total pas moins de 110 asbl visitées en l’espace de deux mois.

J’ai été chaque fois surpris par l’accueil positif qui m’est réservé. Il faut dire que cela ne s’était plus vu depuis longtemps à Schaerbeek. Je ne le sais pas encore à ce moment-là, mais ces nombreux contacts vont s’avérer très utiles dans les semaines à venir.

A demain.