Episode 54 : C’était au temps où Schaerbeek portait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 54

Bernard Kouchner me demande s’il peut utiliser mon téléphone, et appelle son épouse Christine Ockrent. Il lui dit : « Christine, tu ne devineras jamais d’où je t’appelle ! Je suis dans le bureau de l’adjoint au Maire de Scarbec ». Après avoir raccroché, il me dit qu’en fait elle est née à Schaerbeek.

L’homme est une véritable pile électrique. Il est 20h et la Salle des mariages est comble. Le record de participation à nos conférences mensuelles est largement battu : plus de 500 personnes ont fait le déplacement.

Je prends réellement conscience de la popularité du personnage à l’époque. Le voilà parti pour 90 minutes de partage de son implication dans la politique étrangère de la France. Il est passionnant.

Après le break musical, place aux questions-réponses. Au premier rang, je remarque la présence de Fernande Philipart (FN) qui insiste pour prendre la parole. Je préviens discrètement l’orateur de sa couleur politique. Il me murmure : « T’en fais pas, les fachos, je m’en occupe ».

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Au moment où Fernande Philipart prend le micro, Bernard Kouchner intervient : « Madame, je suppose que vous allez me parler des sacs de riz que j’ai portés sur mon dos ? » (Kouchner alors ministre en 1992, avait devant les caméras déchargé un camion de sacs de riz en Somalie pour attirer l’attention des Français sur la famine qui y faisait rage). Elle opine du bonnet. « Je vais me permettre, Madame, de vous poser une question : comment se fait-il que chaque fois qu’il y a un facho dans une salle, il me parle de mes sacs de riz ? » La salle éclate de rire. Fernande Philipart s’en va très fâchée.

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La conférence terminée, Bernard Kouchner accepte de prendre une petite collation au siège social de l’ASBL Ecoliers du Monde, une association qui aide des écoles dans des régions défavorisées de la planète.

Dans ma voiture, alors que nous roulons, il me dit enthousiaste « Alors, cela t’a plu ? ». J’ai vraiment trouvé l’homme très agréable.

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Des orateurs tels qu’Anne Morelli, Amélie Nothomb, Ricardo Petrella, Marc Uyttendaele, le Vicomte Etienne Davignon, Antoinette Spaak et bien d’autres se sont ainsi succédé au fil des mois et des années à Schaerbeek. Le jour de la 300e conférence approche sous l’égide de Bernard Guillaume qui a repris le flambeau depuis plus de 18 ans déjà.

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Côté Classes moyennes, une nouvelle collaboration voit le jour avec « Le Belgian Senior Consultant ». Ce sont des pensionnés qui offrent leurs compétences à de jeunes indépendants. Parmi eux, il y a tout un panel de spécialistes, juristes, comptables, fiscalistes, économistes, architectes, chefs d’entreprise. Au total, plus de 400 membres de l’association seront là pour offrir leur expérience aux jeunes entrepreneurs schaerbeekois.

Nous organisons sur la place Colignon le jeudi 12 décembre 1996, de 19h à 23 h, un nouveau marché de Noël. Environ 50 artisans sont présents sous les guirlandes et l’odeur des cougnoux et du vin chaud ravit les promeneurs. Le temps doux pour la saison a convaincu un public venu en nombre pour cette première édition.

Chaque année, mon collègue Claude Paulet, avec la participation d’Electrabel, offre un splendide « son et lumière » sur la façade de la maison communale. Tous les soirs de décembre à 20h, le spectacle est au rendez-vous. Mais curieusement, ce jeudi du marché de Noël, pas de son et lumière en revanche… Encore un rendez-vous raté de Claude Paulet

Autre temps forts, à Schaerbeek : les animations pour les seniors. Ainsi, chaque année, le Bourgmestre et l’Echevin des Seniors organisent dans les deux grands halls de l’Athénée Fernand Blum un gigantesque repas spectacle gratuit pour les seniors schaerbeekois.

Chacune des deux grandes salles accueille 750 personnes. Les membres du Collège arrivent au son de la Brabançonne. Ils mangent l’entrée du menu dans la première salle, puis le plat principal dans la deuxième salle. Ensuite, ce sont le spectacle puis le bal. L’ambiance est garantie jusqu’à 18h. Des bus sont également mis à disposition des moins valides.

Aux yeux de certains, au fil du temps, ce rendez-vous annuel paraissait ringard. Mais pour de très nombreux seniors, c’était l’une de leurs uniques sorties annuelles.

Le nouveau Collège en 2001 décidera de supprimer l’événement, pour des raisons budgétaires. Je l’ai profondément regretté. Les seniors qui y avaient participé, parlaient de cet événement avec mélancolie. Une page de plus était tournée.

A demain.