Episode 137 : C’était au temps où Schaerbeek se défenestrait…
Troisième partie : Action consciente – Episode 137
Avez-vous vu le film « L’ordre du jour » sorti en 1992 ? Cela raconte les vicissitudes au sein d’un ministère. A Schaerbeek, comme dans toutes les administrations, il y a eu de grands moments qui faisaient penser à un voyage en Absurdie comme lorsque l’on avait acquis des tonnes de papier toilette comme je l’ai raconté précédemment.
Depuis 1989 à 2018, la manière de travailler a bien entendu évolué. Des grades administratifs autrefois très nombreux comme celui de commis (niv D) tendent à disparaître au profit de grades supérieurs, tout simplement parce que de nos jours, on a en principe au moins son diplôme de secondaire supérieur en poche.
Clerfayt avait insufflé une nouvelle dynamique dans le recrutement dès le milieu des années 1990, ce qui lui permit de mettre en place un service de l’urbanisme encore cité en exemple aujourd’hui.
C’est donc avec d’autant plus d’étonnement mais surtout de totale incompréhension que le Collège prit la décision début 2012 de scinder le service des propriétés communales en une partie purement logement et une partie plus immobilière. Le chef de service parti à la retraite au même moment, son poste fut supprimé.
Certes, ce n’est pas la première fois que des services sont divisés ou fusionnés, si l’objectif d’un meilleur fonctionnement interne et externe est visé. Mais dans ce cas-ci, cette décision inopinée laissa tout le petit monde communal et surtout le CODIR (comité directeur) pantois. Il faut dire que le dossier fut présenté sans examen préalable du CODIR (qui se réunit tous les vendredis en prévision du Collège du mardi), en urgence en pleine séance du Collège. Toutes les parties concernées à savoir le service lui-même mais aussi les départements Infrastructures et Affaires générales qui se voyaient respectivement d’une part amputé d’une partie de ses compétences et d’autre part en héritait sans rien avoir demandé, prirent connaissance de cette décision en lisant le procès-verbal de l’ordre du jour… Cela vous donne la mesure de l’émoi légitime qui s’en suivit.
Personne ne parvenait à cerner l’apport qualitatif d’un tel détricotage qui fut imposé unilatéralement à l’administration sans concertation préalable.
Le service dont Bernard Clerfayt, Luc Denys et ensuite Frédéric Nimal par interim, furent échevins, fonctionnait normalement. Point de dysfonctionnement majeur qui aurait pu justifier une telle réorganisation aussi brutale.
Car de réorganisation, il n’y en eut guère au final. L’implosion du service eut des conséquences bien malheureuses humainement mais aussi vis-à-vis du service aux Schaerbeekois.
Le service était installé au deuxième étage de l’hôtel communal, au pigeonnier comme on dit. Un petit service de quelques agents où l’ambiance était bonne, ce qui est déterminant pour un bon fonctionnement. La partie cellule « immobilière » quitta Colignon pour le bâtiment communal CSA chaussée de Haecht. La cellule « logement » s’en alla dans un petit bureau au bâtiment CTR avenue Georges Rodenbach.
Le tableau de bord de la majorité prévoyait de se défaire des logements communaux à l’exception des deux seniories communales et d’en confier désormais la gestion au Foyer schaerbeekois et à l’agence immobilière sociale par le biais de baux emphytéotiques, ce qui fut fait.
Mais dans l’intermède, la cellule « logement » totalement sous-staffée mais aussi terriblement démotivée, sans plus de réelle hiérarchie vu la suppression de poste de chef de service, se laissa dépasser au fil du temps, provoquant des retards considérables dans le traitement des dossiers, des locations ou des décomptes de charges.
Trois années plus tard, le Cdh étant entré dans la majorité et Denis Grimberghs, homme de vision et de dossiers, à la barre du service Logement, il fut le premier à s’alarmer de la situation. Il fut alors décidé avec le parfait assentiment du nouveau secrétaire communal de réunifier les deux cellules. Mais le mal administratif et humain avait déjà été fait.
A nouveau, on s’interrogea sur le pourquoi de cette décision kafkaienne qui eut pour résultat que des logements en seniories n’étaient plus loués.
Une explication claire, nette et précise, il n’y en a jamais eu. Seul au final un constat de cuisant échec en termes de management.
Si j’en parle si longuement, c’est parce que cette décision du Collège m’est restée en travers de la gorge à titre politique et privé. Aujourd’hui, ceux qui en ont pâti et subi malgré eux les conséquences, ont compris. Pas besoin d’en rajouter.
Pour l’anecdote, sachez que lorsque j’annonce sur mon site internet la réunion du Conseil communal, je poste toujours la même photo du 2ème étage de l’hôtel communal où ce service était installé jusqu’en 2012. C’est ma manière de me souvenir de ce triste gâchis avalisé probablement dans l’indifférence généralisée de la plus grande partie des membres du Collège mais qui eut en son sein un initiateur, enfin une initiatrice.
A demain.