Episode 145 : C’était au temps où Schaerbeek anglicisait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 145

Il est vrai que les braderies et brocantes schaerbeekoises s’essoufflent depuis un petit moment déjà. On a l’impression d’un « copier-coller » d’année en année, qui finit par créer fort logiquement une lassitude par manque de nouveautés.

J’avais participé en tant qu’échevin des Classes moyennes à la création du marché de Helmet. C’est à la demande des commerçants de l’époque qu’il fut inauguré en grande pompe en mars 1996. Dans un premier temps, il s’étendait rue Richard Vandevelde et c’est trois ans plus tard qu’il trouva sa situation actuelle square Riga devant l’église Sainte-Famille.

Celui-ci est devenu au fil du temps l’incontournable marché hebdomadaire du lundi matin grâce à ses 60 maraîchers ainsi que ses nombreux chalands. Un marché que les candidats schaerbeekois  aux élections ne rateraient pour rien au monde !

Emoi sur les lieux en juillet 2014 lorsqu’un vent de rumeur annonce la suppression partielle voire totale du marché. En fait, il s’avère que le Collège échevinal envisage alors pour cause de travaux de voirie sur le square Riga de donner le renon dans un premier temps à une partie des maraîchers et dans un deuxième temps d’évaluer la possibilité de remettre le marché après le chantier.

J’avais consulté les plans soumis à l’enquête publique qui tenaient parfaitement compte de l’intégration des marchands alors présents sur le marché. La position du Collège ne manque dès lors pas d’interpeller : pourquoi donner un renon aux marchands situés le long de l’église (côté impair de l’avenue Huart Hamoir) pour la période des travaux ? Pourquoi l’option de déplacer totalement l’entièreté du marché pour la durée de ce chantier évaluée à 100 jours ouvrables, n’a-t-elle pas été défendue ?

Une mobilisation se mit en place avec signature d’une pétition. Tout ce réaménagement était d’autant plus étrange que plusieurs études étaient justement en cours : l’étude pour un parking souterrain sous le square Riga commandée par la Commune, ensuite le dossier de réaffectation/transformation d’une partie de l’église Sainte-Famille et enfin l’étude régionale pour le métro Nord qui passera sous le square Riga.

Justement, l’annonce du tracé du métro avec arrêts place Liedts, place Colignon, à la Cage aux Ours et au square Riga ravit les riverains avant un dur désenchantement. Ainsi à Riga, la projection de la station de métro envisagée est absolument hallucinante et démesurée. Un comité se mit en place pour que Beliris à la manœuvre tienne compte de la réalité du quartier. Parfois je me demande si je verrai un jour ce fameux métro dans mon quartier !

J’évoquais l’essoufflement certain des braderies sur le territoire communal. Je pense aussi avec ma vision actuelle de recul que lorsque l’on conserve les mêmes compétences pendant plus de 10 ans, il est difficile de pouvoir innover et insuffler des dynamiques nouvelles. Etienne Noël à la tête des Classes moyennes depuis mon départ de la majorité en 2006, tentait de maintenir le cap des activités mais probablement que l’enthousiasme n’y était plus. Pareil je pense pour Sait Köse à la tête du département des sports.

En revanche, un échevin comme Michel De Herde, que l’on apprécie ou non ses lignes d’orientation de dossiers, en changeant à chaque législature de compétences, permettait à ses services de se mettre dans l’objectif de nouveaux challenges que ce soit à la Propreté publique ou ensuite à l’enseignement communal.

A côté de cette monotonie de braderies, Schaerbeek a en revanche connu un véritable « boom » avec l’ouverture de petits restos et commerces. Je l’ai déjà évoqué précédemment. Des cafés où l’on déguste la bière de la Senne, des bars à vins ouvrent leurs portes. Une nouvelle tendance qui vient contrebalancer, certes dans d’autres quartiers, la disparition progressive d’établissements Horeca où l’on sert de l’alcool chaussée de Haecht. Ayant été moi-même à la tête d’établissements, je fais le triste constat que d’ici peu, en raison de la pression fiscale, des charges patronales, de la fameuse black box, de l’incertitude quant à la clientèle du jour pour engager moins ou plus de personnel, Bruxelles ne connaîtra plus que des établissements haut de gamme ou des snacks. Les restaurants familiaux et dits de quartier passant à la trappe.

Le glas a définitivement sonné pour la Fête nationale au parc Josaphat. Désormais l’été, c’est « Park to be ».  Le Collège souhaitant surfer sur un nouvel entrain pour le parc Josaphat élu parc préféré des Bruxellois, beaucoup plus sécure qu’il y a quelques années et offrant des possibilités Horeca qui drainent du public, décide de débloquer un budget de 100.000 euros qui passe même en 2017 à 200.000 euros pour animer tous les jours de l’été le poumon vert schaerbeekois. Hormis l’un ou l’autre événement comme une soirée cinéma, on ne peut pas dire que la foule fut au rendez-vous.

Ce qui m’interpelle, ce sont les orientations données aux animations schaerbeekoises, très ciblées « bobos » et qui font donc fi de la plus large frange de la population. On ne peut en effet pas dire que les cours de zumba, de yoga et autre pétanque finlandaise, étaient de nature à captiver les Schaerbeekois restés à la maison pendant l’été. Sans parler du mode de communication très ciblé via Facebook et le site internet communal, qui ne permettait pas une information large.

A force de vouloir faire dans la « branchitude » en utilisant des appellations en anglais comme « The park to be », « Citizen lights »,…  une majorité de Schaerbeekois tous âges confondus, ne comprend pas concrètement de quoi il retourne. Mais le projet a perduré.

Je suis conscient qu’en octobre 2018 au moment des élections communales, je serai proche de ma pension. Je commence donc à me projeter dans le futur.

A demain.