Une semaine avant le cortège carnavalesque, la maison communale accueille une exposition sur notre carnaval au travers des décennies, avec des photos mais également des costumes folkloriques et des accessoires divers.
Comme prévu Johan Demol se présente en tête de liste du Vlaams Blok. Au vu de sa notoriété liée à sa carrière de commissaire en chef, il se positionne comme martyr face à l’establishment. Comme le système électoral en Région bruxelloise prévoit deux entités linguistiques au Parlement avec nécessité d’avoir la majorité au sein de chacune d’elles pour former une majorité, le risque de voir le Vlaams Blok incontournable est grand.
De nombreux francophones annoncent d’ailleurs vouloir voter pour le rôle linguistique néerlandophone pour soutenir Johan Demol « chassé par de méchants politiques qui craignaient que son travail à la police ne leur fasse de l’ombre ».
Début février 1999, lors de l’inauguration des locaux de la mutuelle Euromut, je préviens Francis Duriau que je dois m’éclipser au plus tard à 20h : le FDF présente sa liste pour les élections régionales du 13 juin 1999 dans laquelle je figure. J’interroge Francis Duriau pour savoir s’il serait intéressé de figurer sur la liste du FDF schaerbeekois aux régionales. Il me répond positivement.
Souvenez- vous : en 1994, lorsque le nouveau commissaire Johan Demol est nommé à la tête de la police communale, il modifie en profondeur le service grâce à un budget triplé et à l’engagement de 200 policiers dont il avait été pour la plupart l’instructeur à l’époque où il travaillait à l’Ecole de police. Il obtient très rapidement d’excellents résultats, ce qui lui donne une notoriété dépassant largement les limites territoriales de Schaerbeek. Néanmoins après quelques mois, plusieurs membres du Collège trouvent certaines méthodes utilisées « très limite ».
Cette année 1998 est un grand cru. Depuis janvier, le service des Classes moyennes n’a pas arrêté. Fin février, nous avons organisé le bal, en mars le cortège et la saison des braderies avance à grands pas, sans oublier la préparation du 21 juillet.
Dans le courant du mois d’avril, nous avons aussi organisé une réunion de débriefing avec les différents bénévoles qui ont permis la réussite du 69èmecortège.
Depuis février, Geert Pierre du service des Classes moyennes et moi sillonnons les routes de tous les carnavals du royaume. Nous négocions les prix pour que les plus beaux groupes viennent ce 28 mars participer à notre cortège.
Nous allons aux carnavals de Nivelles, de Asse, de Hal, de Zaventem, de Vilvorde, d’Andenne, d’Alost où je me souviens de leurs réticences à venir car à l’époque Schaerbeek traînait encore la mauvaise image laissée par les années Nols.
Et voilà le retour du cortège carnavalesque de Schaerbeek. Il revient le temps où les jardins de Schaerbeek sentent bon la cerise. Un beau matin du 10 mars 1902, les commerçants de la place Colignon décidèrent de fonder une association qui, un an plus tard, prit le nom de « Cercle Place Colignon-attractions ».
L’année 1997 est l’année où les différents échevins épaulés par leurs services respectifs atteignent leur vitesse de croisière. Pour ma part, j’ai alors un bon contact avec la plupart de mes collègues à part Claude Paulet qui ne me supporte toujours pas. J’ai une relation plus amicale avec Roland De Linge (PS),Xavier Winkel (ECOLO), Etienne Noel (PSC), Bernard Clerfayt (FDF) sans oublier Francis Duriau (LB). J’entretiens aussi une bonne collaboration avec le Secrétaire communal Jacques Bouvier.
Cela fait déjà 3 ans que la nouvelle majorité est en place, nous pouvons tous constater que Schaerbeek et surtout les Schaerbeekois ont d’une certaine manière ressuscité. Avec le recul, au cours de mes 30 années d’investissement politique à Schaerbeek, j’estime que cette législature-là fut de très loin la plus agréable et, je le pense, politiquement la plus efficace.
Au sein du Collège, il y avait un excellent équilibre entre les anciens et les nouveaux, entre les jeunes et le moins jeunes, entre les échevins qui travaillaient au renouveau des structures schaerbeekoises et ceux qui développaient des projets concernant la population avec une place importante pour l’originalité et la créativité.
Cela fait déjà quelques années que les habitants du quartier Terdelt croisent un petit garçon incroyable. A 3 ans, il parle déjà presque comme un avocat. «Les mensonges en moins » précise Philippe, son papa. Bichon doit sa précocité au fait qu’il fréquente régulièrement des adultes. La leucémie, hélas, l’oblige à de nombreux séjours en milieu hospitalier.
Bernard Kouchner me demande s’il peut utiliser mon téléphone, et appelle son épouse Christine Ockrent. Il lui dit : « Christine, tu ne devineras jamais d’où je t’appelle ! Je suis dans le bureau de l’adjoint au Maire de Scarbec ». Après avoir raccroché, il me dit qu’en fait elle est née à Schaerbeek.
L’homme est une véritable pile électrique. Il est 20h et la Salle des mariages est comble. Le record de participation à nos conférences mensuelles est largement battu : plus de 500 personnes ont fait le déplacement.
La présentation de mon rapport sur l’éventuelle création d’une parcelle musulmane dans notre cimetière est loin de faire l’unanimité. De nombreux conseillers communaux de la majorité craignent que cela ne remette en question la laïcité des cimetières qui fut obtenue au XIXe siècle suite à un long combat. Ce qui permit aux non-croyants de pouvoir être enterrés décemment.
A titre personnel, ma crainte est différente : si Schaerbeek offre la possibilité aux musulmans d’être enterrés selon leur rite, je suis convaincu que très rapidement, la population musulmane va venir s’installer en nombre à Schaerbeek, provoquant ainsi un déséquilibre dans la diversité de notre population, élément important pour le « vivre ensemble ».
En ce début d’année 1996, les files à la salle des guichets deviennent de plus en plus longues. Certains jours, la durée d’attente atteint les 3 heures. C’est bien entendu inacceptable. Il me faut trois mois pour identifier 12 dysfonctionnements et apporter déjà des solutions à 10 d’entre eux (les deux derniers étant insolubles). De la sorte, j’arrive à diviser par quatre le temps d’attente.
En 1995, la Commune célébrait une vingtaine de centenaires par an. Ce qui m’a rapidement interpellé, c’est la présence féminine massive… et sans enfants : les 64 premières jubilaires n’avaient pas eu d’enfants (la 65ème en eut deux). Et il m’a fallu attendre le 66e centenaire pour qu’il soit un homme.
Durant l’été, sont célébrées en l’espace de quelques semaines deux centenaires, Jeanne Maes et Alice Rasquin. Elles tiennent toutes les deux une forme incroyable, sont férues de littérature et lisent encore plusieurs journaux par jour.
Tous les mariages n’ont pas eu la solennité ni l’intensité de celui de Robert et Françoise, loin de là. Je me suis trouvé confronté à plusieurs reprises à des mariages pas très « orthodoxes ». Il y avait tout d’abord les mariages blancs, qui consistent à permettre moyennant finance à l’un des conjoints d’obtenir des papiers pour s’établir dans le pays.
D’autres mariages ont été presque sordides. Un jour, une jeune femme arrive dans mon bureau pour me signaler qu’elle avait changé d’avis et que le futur marié la menaçait de mort. Elle déposa plainte à la police. Mais pour sa sécurité, elle dut déménager. La Ville de Bruxelles, son employeur à l’époque, la muta aussi de service pour la protéger.