Episode 12 : C’était au temps où Schaerbeek observait…
Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 12
Seul dans mon bureau, j’ai au bout du fil Didier Gosuin qui était à l’époque Secrétaire d’Etat à la Région bruxelloise. Je le considère comme un véritable ami depuis que nous avons fait connaissance au ski voici une dizaine d’années. Je lui explique en quelques mots mon désarroi et nous décidons de nous retrouver le samedi qui suit pour déjeuner dans un restaurant de Boitsfort, pour être précis aux « Rives du Gange », en présence aussi d’Eliane, l’épouse de Didier.
Il me dit d’emblée que j’ai vraiment foutu la pagaille en acceptant de figurer sur cette liste, en voulant tout et son contraire, avec des discours peu clairs qui ne correspondent pas à la politique que je désire mettre en place en faveur de le jeunesse, sans parler de mon tract électoral faire-part qui était vraiment « trop lourd ».
Episode 11 : C’était au temps où Schaerbeek hallucinait…
Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 11
Avant de relater cette première réunion du Collège du 10 janvier 1989, quelques mots sur les lieux et la composition du Collège. La salle du Collège est imposante : une énorme cheminée y trône. Aux fenêtres, on aperçoit des vitraux sur lesquels sont gravés des devises qui, il faut bien l’avouer, sont alors aux antipodes de celles appliquées, lors des réunions.
La porte d’entrée donne sur l’antichambre du cabinet du Bourgmestre. Michel Poncelet, huissier, y « trône ». Il est l’une des mémoires de notre administration communale, ayant connu quatre bourgmestres jusqu’à son départ à la retraite en 2017.
Dans la Salle du Collège, on trouve notamment d’imposants rayonnages où s’alignent, dans des ouvrages splendidement reliés, tous les procès-verbaux des réunions du Conseil communal de Schaerbeek. Parmi ceux-ci, j’en ai repéré un de la fin du XIXe siècle, relatant une séance particulièrement houleuse, avec des propos très animés entre deux élus. L’échauffourée verbale se terminera d’ailleurs par un duel à l’épée… Autres temps autres mœurs ! Nous n’en sommes heureusement plus là.
Votes de motions au Conseil communal
Vote à l’unanimité au Conseil communal ce mercredi soir dans une très bonne ambiance entre les groupes politiques de la motion « Schaerbeek commune hospitalière » et celle relative au bus Noctis. (Photo : Martin Maréchal)
Episode 10 : C’était au temps où Schaerbeek tremblait…
Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 10
Matinée d’un jeudi du début janvier 1989, place Colignon…
Après avoir ouvert la porte, je découvre une pièce austère de 6 m sur 6m. Elle est spartiate : une petite cheminée surmontée par un miroir, une grande armoire. Au milieu de la pièce, on aperçoit un bureau en bois tout simple, un vieux fauteuil et deux chaises. Le tout éclairé par un lustre vieillot.
Hormis le téléphone, il n’y a rien de fonctionnel. Pas un classeur, pas un Bic, pas un papier, rien de chez rien. Face à la cheminée, se dresse une double porte en bois vitré donnant sur une pièce de la même taille que la première. Elle est remplie d’armoires vides et contient deux bureaux. Sur l’un d’eux, se trouve un vieux combiné téléphonique. Tel est le « bureau » d’échevin que l’on m’a attribué.
Ouverture du restaurant « Argentina » sur la place Colignon
L’Horeca est en mouvement sur la place Colignon. A l’endroit qui abrita autrefois le restaurant espagnol La Cueva de Castille (délocalisé à quelques maison de là) puis l’éphémère brasserie « Du coq à l’âne« , voici à présent le restaurant « Argentina » qui propose des spécialités de viandes.
Conseil communal : 30.05.2018
Le Conseil communal de Schaerbeek se réunira le mercredi 30 mai 2018 à partir de 18h30.
Episode 9 : C’était au temps où Schaerbeek s’immobilisait…
Première partie : Insouciance – Episode 9
Après une longue absence, Michel Géoris me recontacte pour m’informer que Roger Nols lui a parlé de notre rencontre relative aux problèmes dans mon quartier. Roger Nols serait, me confie-t-il, très enthousiaste à l’idée que je rejoigne sa liste pour les prochaines élections communales. Je sortais de ma dépression et je retrouvais confiance en moi. Je pèse le pour et le contre quant à une éventuelle participation. J’hésite pourtant encore.
Comme souvent, c’est mon intuition qui finit par me convaincre. Je conditionne mon accord à deux points essentiels : je souhaite être candidat indépendant sur la liste et si mon score me permet d’être élu et de siéger ensuite au Collège, j’ambitionne le portefeuille de la jeunesse.
Episode 8 : C’était au temps où Schaerbeek stagnait…
Première partie : Insouciance – Episode 8
Depuis 10 ans, j’avais accumulé les épreuves. Comme la mort de ma mère puis celle de mon père. Comme les soucis liés à la gestion de mon imprimerie et la cogestion de trois établissements horeca. A tout cela s’ajoutaient mes sorties nocturnes et un manque de sommeil presque constant.
J’ai fini par le payer cash. Un beau matin, je fus incapable de m’extirper du lit. J’étais littéralement épuisé. Mon état ne cessa d’empirer. Je fus victime d’un hoquet presque permanent. Plus grave encore, j’avais l’impression que mes mains devenues moites étaient entrées en transpiration…Un eczéma tenace acheva de me démoraliser. J’appréhendais de voir qui que ce soit, je me sentais oppressé. J’éprouvais un sentiment de non-vie. J’étais en train de toucher le fond. La dépression qui me guettait sournoisement avait fini par me rattraper en ce mois de septembre 1987.
Episode 7 : C’était au temps où Schaerbeek s’enlisait…
Première partie : Insouciance – Episode 7
Focus sur la petite commune de Saint-Josse où j’ai donc fait mes armes en politique, entre 1982 et 1987. La commune, voisine de Schaerbeek, comptait une majorité de population d’origine non belge et les naturalisations étaient limitées (la loi sur les naturalisations fut votée plus tard). Si bien que la minorité belgo-belge était politiquement dominante, alors qu’elle représentait à peine un tiers de la population totale de la commune.
A l’époque, Guy Cudell, bourgmestre socialiste en titre, faisait la pluie et le beau temps sur ses terres depuis des lustres. Un véritable potentat, un baron qui faisait le vide autour de lui. Tout-puissant, il eut une longévité exceptionnelle puisqu’il fut bourgmestre de 1953 à 1999 (soit 46 ans !) au moment de son décès. Un film documentaire réalisé en 1996 par Marie Hélène Massin, « Le bourgmestre a dit », cadre très bien ce personnage haut en couleur, jamais avare de coups de gueule au Conseil communal, remettant à leur place conseillers et ceux qui ne partageaient pas ses idées. Ses échevins faisaient de la figuration, car c’était lui seul qui gouvernait. Par contre, il faisait preuve d’une extrême disponibilité (paternaliste) pour la population. En fait, sa commune était toute sa vie. Il connaissait mieux sa commune que son propre salon, ainsi que le prénom de la moitié de ses administrés.
Episode 6 : C’était au temps où Schaerbeek découvrait…
Première partie : Insouciance – Episode 6
En 1978, des amis me proposent de les accompagner durant les vacances de Pâques aux sports d’hiver à la station des Alpes Les Gets dans un hôtel « La Grande Lanière » propriété de la commune d’Auderghem. Quelle joie de découvrir la montagne enneigée, et le plaisir de la glisse. Le séjour est organisé par une association à la tête de laquelle se trouve un tout jeune échevin Didier Gosuin. Le courant passe bien entre nous et je fais plusieurs connaissances au sein du groupe des skieurs. J’y prendrai part durant plusieurs années.
Je garde très sincèrement de merveilleux souvenirs de ces séjours aux Gets qui pourraient s’apparenter au film « Les bronzés font du ski » tellement nous étions débordants d’imagination au moment de mettre de l’ambiance à l’hôtel et dans la station. J’ai depuis toujours pu compter en cas de besoin sur la présence et les conseils avisés de Didier Gosuin et je lui en suis très reconnaissant.
Episode 5 : C’était au temps où Schaerbeek dansait…
Première partie : Insouciance – Episode 5
Dans les années 70, les jeunes au sortir de leurs études aspiraient à quitter le nid familial pour voler de leurs propres ailes seul ou en couple. Dans mon cas, c’est en fait l’inverse qui s’est passé. Après le décès de ma maman, ma sœur s’est mariée et a donc quitté la maison. Mon père quant à lui, a décidé de terminer ses jours à Ostende. Ma vie se réorganise donc en fonction de cette nouvelle situation.
Episode 4 : C’était au temps où Schaerbeek bougeait…
Première partie : Insouciance – Episode 4
Ma mobylette ! Que de souvenirs et quel bonheur de circuler dans Schaerbeek. Avec les copains et les copines, à 16 ans s’amuser était une évidence On ne parlait pas encore de crises économiques. Les fins de semaine étaient rythmées par les sorties du vendredi au cinéma et les incontournables soirées dansantes du samedi dans les salles schaerbeekoises de Sainte Suzanne, Sainte Elisabeth, Sainte Thérèse, Sainte Famille ou encore la salle de la rue Artan.
Episode 3 : C’était au temps où Schaerbeek marchait…
Première partie : Insouciance – Episode 3
Après le « Parc fou » et ce vent de liberté décrits dans le précédent épisode, l’ambiance s’alourdit brusquement à Schaerbeek. Le climat linguistique était devenu très tendu lors des élections de 1970. Jacques Georgin, un militant du FDF, secrétaire de la section laekenoise du parti, fut tabassé à mort par des membres du groupe VMO et de la Volskunie dans la nuit du 11 au 12 septembre 1970, avenue Houba De Stropper à Laeken. Trois autres compagnons furent blessés. A la suite de ce passage à tabac, Jacques Georgin succomba d’un infarctus. Il n’avait que 34 ans. L’une des personnes impliquées, Roeland Van Walleghem, fut plus tard élu sénateur Vlaams Belang puis député régional bruxellois…
Episode 2 : C’était au temps où Schaerbeek jouait…
Première partie : Insouciance – Episode 2
Je me souviens du printemps 1971 comme si c’était hier ! Je vivais mes premiers émois amoureux assis à côté d’une jeune fille sur la grande pelouse du parc Josaphat, pleine à craquer. Jeunes et moins jeunes étaient venus en nombre se plonger dans une ambiance digne de Woodstock. Un gigantesque podium avait été installé et les groupes Pop se succédèrent jusque tard dans la soirée.
Ce festival faisait suite au « Parc fou », un autre événement post 68 qui voulait libérer le parc Josaphat et la commune des contraintes du passé. Durant plusieurs semaines, Schaerbeek vécut ainsi au rythme d’activités plus folles les unes des autres. Parmi celles-ci, une formidable mobilisation pour dénoncer un projet d’autoroute urbaine qui menaçait de couper la commune de Schaerbeek en deux par un tracé reliant l’aéroport au futur quartier Manhattan (un quartier de bureaux) qui devait voir le jour dans le quartier Nord.