Bernard Clerfayt qui aura 63 ans à la fin de l’année, est devenu échevin à Schaerbeek en 1994. Je l’étais moi aussi. Avec Michel De Herde, chacun avec nos spécificités, nous avons incarné le renouveau de notre commune de Schaerbeek.
On parlait d’ailleurs parfois de nous trois comme de la « Dream team ». J’ai vu Schaerbeek renaître depuis 1994 sous la maïorat de Francis Duriau. Une vie de quartier importante, des commerces qui s’ouvraient et prenaient de l’ampleur, des comités de commerçants très actifs, des infrastructures sportives, d’écoles et de crèches qui étaient inaugurée, des centres de jour pour seniors très actifs, un service de l’urbanisme très efficace, un service de la propreté publique et des espaces verts totalement réorganisé et montré en exemple pour ses résultats de terrain, un service Etat civil-Population également réorganisé, des rénovations grâce aux contrats de quartier,…
Toute cette dynamique, on la doit en grande partie à Bernard Clerfayt. Mais au cours de la mandature 2001-2006, Schaerbeek a traversé une crise financière. Il a fallu serrer les boulons. A partir de ce moment, je n’étais plus en phase avec le bourgmestre Bernard Clerfayt avec ses orientations de dossiers, ses choix, ses réflexions.
Je ne me sentais plus bien avec moi-même dans l’exercice de mon échevinat. Je ne voyais plus des perspectives pour Schaerbeek comme nous les avions eues auparavant.
C’est ainsi qu’en 2006, j’ai fait le choix de rejoindre le PS et Laurette Onkelinx. Un choix mûrement médité que je n’ai jamais regretté. Je pensais que le PS au pouvoir à Schaerbeek donnerait un nouveau souffle et surtout il ne m’était plus possible de continuer à titre personnel avec cette ligne politique de la Liste du Bourgmestre.
J’ai été bien voué aux gémonies pour ce choix mais je le répète, j’en suis aujourd’hui d’autant plus serein de l’avoir fait.
Les élections communales d’une férocité sans nom en 2006 ont donné la majorité à Bernard Clerfayt et au parti Ecolo. Je ne vais pas refaire la ligne du temps mais que s’est il passé ensuite ? Bernard Clerfayt est parti comme secrétaire d’Etat au Fédéral alors qu’il assurait se présenter pour gérer Schaerbeek.
Bis repetitas il y a 4 ans lorsqu’il est parti pour la Région bruxelloise. C’est là que le vent a commencé inexorablement à tourner. Schaerbeek était dans les mains de Cécile Jodogne (Défi) qui avait parfaitement assuré ce rôle la première fois mais entre temps elle avait été Secrétaire d’Etat à la Région, revenir pour prendre la place de Bernard Clerfayt qui lui allait à la Région, n’était probablement pas son choix de coeur.
Cette mandature a été difficile avec la longue crise du Covid. Mais surtout, le Secrétaire d’Etat Bernard Clerfayt a laissé la situation partir dans tous les sens avec Ecolo s’imposant clairement dans les orientations des décisions.
Pression fiscale maximale, des aménagements de voirie contestés, une politique du commerce sans vision, et enfin le fameux Good Move que la Liste du Bourgmestre et Ecolo ont voulu imposer après de pseudos réunions aux quartiers Pavillon et Stephenson.
En gros : on sait ce qui est bon pour vous. Les Schaerbeekois ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils sont venus et revenus lors des séances du Conseil communal avec à chaque fois de plus en plus de tension.
Il aurait alors fallu pour Bernard Clerfayt revenir sur Schaerbeek et se poser en leader pour remettre du sens aux orientations désormais trop éloignées des attentes de la population. Mais pour en avoir causé avec lui, il était aussi favorable au Good Move alors…
Je ne suis pas le seul à l’avoir déjà dit : Bernard Clerfayt est un Machiavel, il a jusqu’à présent toujours eu la virtu et la fortuna. Il excelle dans le chaos par sa fine analyse et est capable de rebondir comme pas deux mais ici on a dépassé le stade du chaos.
J’ai pris le temps de regarder la composition de la Liste du Bourgmestre en 2018. Sur 47 candidats dont 17 élus, près de 30 sont partis. Sur cette photo, à gauche Elias Ammi qui vient de rejoindre la Team Fouad Ahidar et à côté de lui le conseiller communal Maxime Baudaux parti quant à lui chez Ecolo. C’est plus que parlant.
Je ne vais pas tous les citer mais Bernard Guillaume, Saddik Koksal, Emel Köse, Yusuf Yildiz, Emel Dogancan, Kevin Likaj,…toutes ces personnes ont quitté le navire. Ils étaient aussi des faiseurs de voix.
Depuis plus de deux ans, la Liste du Bourgmestre et Ecolo n’ont plus de majorité. L’appoint se fait avec l’opposition que l’on accuse quand elle ne veut pas se prêter au jeu (vote d’un budget étranglant pour les Schaerbeekois) de bloquer le processus démocratique.
Depuis mon départ de la Liste du Bourgmestre en 2006, l’eau a coulé sous les ponts et mes relations avec Bernard Clerfayt sont tout à fait cordiales.
J’ai depuis espéré une majorité avec le PS mais un maïorat tenu par Bernard Clerfayt justement pour sa finesse d’analyse et son sens (jusqu’alors) de la stratégie. J’avais été ravi de le compter dans l’assistance le jour de la présentation de mes mémoires.
Dans les conclusions de mon livre « Schaerbeek, de l’ombre vers la lumière », j’avais une discussion avec Schaerbeek. Elle me demandait ce que je souhaitais comme avenir pour elle. Je lui avais répondu sincèrement que je souhaitais que Bernard Clerfayt prenne bien soin d’elle…